Le Club des Incorrigibles Optimistes
de Guenassia
L'auteur
Biographie :
De Jean-Michel Guenassia, on ne sait pas grand-chose. Pourtant, né en 1950 à Alger, il a aujourd'hui cinquante-neuf ans et a vécu beaucoup de choses. On nous parle tout de même un peu de sa
carrière : il a été avocat, puis scénariste pour des téléfilms et romancier amateur (ses romans avaient été refusés, à juste titre, selon lui). Aujourd'hui, en plus d'être reçu comme un grand
romancier de la rentrée littéraire, il est formateur en droit. Ce dont il ne parle pas, c'est qu'il a déjà une expérience d'écrivain : en 1986, sous le pseudonyme de Liana Levi, il publie
Pour cent millions , un polar qui recevra le prix Michel-Lebrun. Vingt ans après, il décide de passer à autre chose : Le Club des Incorrigibles Optimistes, un roman historique
mettant en scène un lycéen dans les années 60, sa famille et la polémique sur la question de l'Algérie, et ses rencontres avec d'étranges personnes venues de l'Est... « Le roman de [sa]
vie ».
La portée autobiographique :
Né en 1950 à Alger, notre auteur a vécu, bien que très jeune, les évènements dont il parle dans son livre : la question de l'Algérie, la vision d'émigrés de l'Est dans les rues de Paris, et
peut-être l'enterrement de Sartre en 1980... Il avoue même avoir vu Kessel et Sartre jouer aux échecs dans un bistrot de Denfert-Rochetau. Il les admirait sans avoir jamais lu un seul de leurs
livres et personne ne pensait qu'il racontait la vérité, « ces deux-là ne peuvent pas être copains ». Le bistrot accueillait aussi dans sa salle d'échecs quelques émigrés de l'Est, dont
un qui lui a un jour avoué que les célébrissimes auteurs les aidaient parfois... Un souvenir, un déclic, donc.
Dans le roman
Résumé
Nous sommes au début des années 60. Au milieu de la guerre froide et de la guerre d'Algérie : en France. Un jeune lycéen, Michel Marini, nous raconte sa vie et
sa rencontre avec une flopée de personnages : les amis de son grand-frère (Pierre, Cécile...) d'abord, puis un groupe étrange de joueurs d'échecs : les incorrigibles optimistes. Ce sont des
émigrés de l'Est, pour la plupart clandestins. Ils se retrouvent dans l'arrière-salle du Balto pour
jouer aux échecs et surtout oublier le pays où ils ont tout laissé. Entre parties de baby-foot, petite amie, adieux aux amis qui partent pour l'Algérie, des bribes de leurs histoires se révèlent
aux gré des conversations. Ces hommes qui veulent tout oublier ramènent avec eux remords et rancune contre d'autres...
Le club des Incorrigibles Optimistes
Le Club des Incorrigibles Optimistes est ce groupe de réfugiés qui adoptent petit à petit Michel, français mais étranger parmi eux. Ils sont heureux malgré leur histoire horrible et leur
pauvreté. Ils se relèvent toujours malgré la misère qu'a provoqué leur immigration.
Les émigrés de l'Est sont des rejetés du régime communiste pour diverses raisons, pas toujours politiques mais aussi pour fuir une fausse accusation, pour échapper à des persécutions nées de leur
religion... Ils débattent souvent entre eux du régime en place en Russie.
Ils s'appellent Tibor et Imré (couple d'un acteur ukrainien avec son manager, chômeurs en France), Léonid (héros de guerre dans l'aviation russe, taxi en France), Sacha (russe, au passé
plus que mytérieux, photographe en France), Igor (médecin russe victime du "complot des blouses blanches", taxi en France), Pavel (bulgare, gardien de nuit et historien en France), Gregorios...
Michel : portrait d'un adolescent de son temps
Entre rock'n roll, lecture, cinéma et photographie, Michel est un adolescent des années 60 ouvert à toutes les nouveautés.
Il parle aussi des études avec l'examen du « bac » qui se généralise à ce moment là (tous ses amis l'ont passé ou le passent).
Le rock'n roll est la deuxième passion de Michel après les échecs. Les succès des années 60 sont évoqués quand il récupère la discographie de Pierre : Elvis Presley, Jerry Lee Lewis, Chuck
Berry...
Le moderne, aussi, à une grande place dans la vie de Michel : le magasin d'électroménagers de son père qui parle d'abaissement des prix pour la vente à tous et de hausse des ventes grâce à cela,
l'appareil photo, le cinéma...
Les Marini et les Delaunay : un exemple des distensions politiques et économiques de l'époque qui s'expriment notamment dans la question algérienne
Le roman commence (après l'incipit qui se passe en 1980) par l'anniversaire de Michel auquel il dit qu'il y a « ses deux familles » : celle de son père, les Marini, d'origine italienne,
socialiste dans l'âme, et celle des Delaunay, bourgeoise et implantée en Algérie où elle fait fortune.
A plus petite échelle, on peut observer ces distensions chez l'influence que chacun des parents essaye d'exercer sur les idées politiques des enfants : le grand-frère a clairement suivi son père,
voire mêmedépassé, Michel pense comme son père qui considère son magasin d'électroménagers comme une chance de permettre à tout le monde de se moderniser tout en faisant quand même du profit en
vendant beaucoup, tandis que la petite sœur a pris le parti de sa mère, mais plus parce que c'est sa mère qui gère la comptabilité et lui achète tout ce qu'elle veut.
La question algérienne est surtout évoqué à la fin de la guerre, bien que les Delaunay croyaient depuis le début en l'Algérie française où ils avaient beaucoup d'investissements alors que les
Marini pensaient plus à la liberté de tous les peuples, algériens compris. Le retour du frère Delaunay en France, complètement ruiné, provoque le divorce des parents de Michel, bourgeois et pur
socialiste ne faisant pas bon ménage, surtout quand ce dernier est en infériorité dans sa propre maison, puisque toute la famille de son beau-frère vit désormais avec eux.
Les blagues des émigrés
exemple : VICTOIRE SOVIETIQUE : LES RUSSES 2e ET KENNEDY AVANT-DERNIER, c'était une course en duel.
Ce titre d'article et son explication, complètement fictifs, sont inspirés d'un bien plus grand
événement : les premiers pas sur la lune. En effet, quand l'américain Armstrong marche sur la Lune, deux astronautes soviétiques, échou à la même mission : les bolcheviks sont anéantis, notamment l'équipe chargée de la mission. Mais, comme les russes
ont beaucoup d'humour dans ces cas-là, le technicien chef du service des cosmonautes russes, Chélomeï, déclare : « Eh bien maintenant, nos chefs se diviseront en optimistes et pessimistes.
Les derniers diront que Nixon (le président américain en place) a dépassé Brejnev (chef soviétique) qui est resté loin derrière, tandis que les premiers prétendront que Brejnev est arrivé
deuxième alors que Nixon occupe l'avant-dernière place ! ».
Le style
Un style simple, sans fioritures. Un roman très facile à lire. La chronologie n'est pas totalement respectée (incipit – 1980, vie de Michel – 1960, histoire des émigrés – 1950), mais les retours
en arrière sont très repérables et on ne se perd pas dans les époques.
Ce roman est un peu écrit comme un roman jeunesse : un thème assez grave mais évoqué avec la légèreté d'un jeune narrateur et beaucoup d'humour.
Extrait : La réponse du garçon de café à Michel quand celui-çi lui demande de quoi parle Sartre avec lui : "Ouai,
il trouve que par rapport aux autres garçons de café, je ne joue pas à être garçon de café. Je l'intéresse beaucoup. Il dit que je suis sincère, que je ne fais pas semblant, que je ne suis pas
dans un jeu par rapport à ce que je fais mais dans la réalité par rapport à ce que je suis. Il paraît que je suis le seul garçon de café qu'il connaisse qui ne joue pas avec sa condition pour la
réaliser mais que je suis, essentiellement, garçon de café, et ça, ça l'épate. Il a vraiment du temps à perdre ce mec, non? Vous prenez quoi ?" Ici, on peut voir l'humour (moquerie de la
philosophie en générale et celle de Sartre en particulier), la simplicité de l'écriture (langage courant) et la légèreté utilisée pour aborder un thème compliqué (langage courant pour parler de
la philosophie).
Autour du livre
La guerre d'Algérie
La guerre d'Algérie est évoquée dans ce roman. C'est le principal conflit familial entre le père et la mère du narrateur, Michel, mais aussi de
toute leur famille respective, les Marini pour l'un, les Delaunay pour l'autre. Elle est aussi évoquée au départ du frère de Michel pour l'Algérie et au retour des cousins pied-noir (la fin de la
guerre).
La guerre d'Algérie est une guerre entre la métropole, France et la colonie, Algérie qui demande son indépendance. Pendant presque toute la
durée de la guerre (1954-1962), la France a refusé de l'appeler guerre (d'où son surnom de "guerre sans nom" ou l'euphémisme "évènements" pour la qualifier). Elle opposait donc l'armée française
à la guérilla des nationalistes algériens. La métropole était divisée en français favorables à une Algérie indépendante et ceux qui y étaient opposés, ceux pour "l'Algérie française" , dont le
gouvernement faisait partie. Ce dernier a participé à des atrocités en Algérie (tortures, massacres...), mais aussi en France (massacre de la Seine...). En Algérie, c'était la guerre civile. Deux
camps s'opposaient aussi là-bas : les pieds noirs français et les arabes favorables à l'occupation (les harkis) contre les partisans du Front de Libération Nationale. Tortures et massacres sont
commis des deux côtés. La guerre s'achève avec la proclamation de l'indépendance de l'Algérie par le général De Gaulle le 5 juillet 1962, la naissance de la République Algérienne le 25 Septembre
de la même année et le rapatriement des français d'Algérie en métropole.
La guerre froide
1. généralités
C'est le grand thème du roman : il nous parle d'émigrés de l'Est , le Club des Incorrigibles Optimistes, qui ont fui leur régime communiste et du vécu d'un adolescent français au milieu de cette
guerre qui n'en ai pas une.
La guerre froide désigne la période de conflits après-guerre entre les deux super-puissances émergentes : les Etats-Unis alliés avec l'Europe de l'Ouest (l'Ouest) et l'URSS alliée aux pays
d'Europe de l'Est et d'Asie (l'Est). De 1954 à 1991, elles s'affronteront sur tous les plans sauf le conflit direct (à cause de la menace de la bombe nucléaire dont chacune dispose) : le sport,
les échecs, la conquête de l'espace, les conflits indirects (la guerre du Viêtnam, la guerre de Corée, la crise des missiles cubains, Berlin, etc.), les arts notamment le cinéma...
En 1960 (moment du récit), nous sommes entre la coexistence pacifique et la naissance de nouvelles crises.
2. affaire Rosenberg
C'est un grand sujet de polémique chez les émigrés à un certain moment.
Le 29 mars 1951, en pleine "chasse aux sorcières" (recherche de n'importe quel coupable de trahison) aux Etats-Unis, Ethel et Julius Rosenberg, anciens militants communistes et qui ont le malheur
d’avoir dans leur famille David Greenglass, petit technicien à l’usine atomique de Los Alamos accusé par le FBI de menus larcins, sont reconnus par un jury de New York, soigneusement
sélectionné, coupables d’avoir « comploté en vue de transmettre des informations secrètes à une puissance étrangère » (sous-entendu l'URSS) pendant la guerre avec l’Allemagne
nazie, contre laquelle Etats-Unis et Union Soviétique étaient alliés.
Mais le 5 Avril de la même année, le verdict est transformé par le juge chargé de l'affaire, en coupables « d’avoir remis la bombe atomique aux mains des Russes » et ainsi « permis
l’agression communiste en Corée » : ce qui lui permet de prononcer la peine de mort. Malgré un formidable mouvement de protestation dans le monde, les Rosenberg, refusant de cesser de
clamer leur innocence, sont exécutés sur la chaise électrique le19 juin 1953. Progressivement, il se fait jour que le procès a été une honteuse machination.
3. La conquête de l'espace
Contrairement à l'affaire Rosenberg, la conquête de l'espace
n'est pas évoquée dans le roman, mais Guenassia nous y fait quelques clins d'oeil tel que la blague sur la course de vélo, inspirée d'une blague russe sur la conquête de
l'espace.
La conquête de l'espace est un enjeu majeur de la guerre froide. Plus que ça encore, c'est une compétition technologique entre l'URSS et les USA : au premier qui propulsera un satellite (les
russes avec Spoutnik) et qui marchera sur la Lune (les américains avec Armstrong).
4. la propagande de l'URSS
Elle est évoquée dans la fin du roman...
La propagande en URSS au temps de la guerre froide était très développée : elle allait de la
disparition totale d'une personne exécutée par le régime (photos de presse, mais aussi de famille, de collègues, d'amis, modifiées pour que n'apparaisse plus le visage de « l'effacé »)
au simple jeu de mots dans la presse.
Voici un extrait traduit du journal officiel de l'URSS, la Pravda, du 9 Juin 1971, et qui
s'exprime toujours sur la conquête de l'espace : "A la station Saliout"
"Les chercheurs ont fini le laboratoire de la chambre spatiale ... C'est la première fois, et c'est encore et à nouveau un
énorme pas dans l'histoire - il y en avait déjà beaucoup: le premier vol dans le ciel, le premier satellite artificiel de la Terre, le premier vol dans l'espace,
la première sortie du bateau - et maintenant voilà la première station orbitale habitée, un bastion de la science soviétique dans l'espace."
Ainsi qu'un exemple de photographie magnifiquement trafiquée :
Les 30 Glorieuses ou les mutations sociales des années 60 en France
Michel et toute sa génération sont les enfants du baby-boom, commencé dans les années 1940 et terminé dans les années 65 en
France.
Cette génération vit dans une prospérité économique : le développement industriel, avec notamment la naissance du travail à la chaîne, offre un travail à tous leurs parents. Les nouveautés -
l'électroménager, les voitures, etc. - peuvent être vendus à tous pour un prix à la mesure de leurs moyens financiers. C'est aussi le temps des loisirs : vacances, cinéma, télévision...
et des révoltes de la jeunesse (année 68, peu de temps après le cadre temporel du roman...).
Les écrivains Kessel et Sartre
Ils sont les premières personnes que Michel voit (et reconnaît) derrière le rideau du Club. Son envie de les connaître le poussera de
l'autre côté de ce rideau, ce qui lui fera rencontrer tous les membres du club, ces personne qui l'émouvoit autant que nous.
1. Kessel
(1898, Clara, Argentine – 1979, Paris)
D'origine lituanienne juive, Joseph Kessel naît en Argentine où son père était médecin, formé en France. Par la suite, il passe son enfance sur l'Oural puis s'installe définitivement en France en
1908.
Il fait ses études à Nice puis à Paris avant de devenir infirmier pendant la première guerre mondiale. Mais en 1915, ayant
obtenu sa licence de lettres, ils est engagé au Journal des Débats (service politique étrangère). En 1917, il préfère aller au combat (il se porte engagé volontaire) où il s'illustrera dans
l'aviation, dans l'escadrille S.39 (sujet de son premier grand succès : L'équipage en 1923). Grâce à ses exploits militaires (il a réalisé deux fois le tour du monde avec toutes ses missions) au nom de la France, il
obtient dès sa majorité la nationalité française. Il retourne alors au Journal des Débats mais il écrit aussi pour La Liberté, Le Figaro, au Mercure, etc. En parallèle, il se lance dans les
romans d'aventures qui lui donnent l'occasion de voir les grands évènements de son époque et les hauts-lieux (révolution irlandaise, indépendance d'Israël, Berlin, le Sahara, vol sur les
premières lignes d'Aéropostale, navigation avec les négriers de la Mer Rouge...) : Mary de Cork (1925), Nuits de Prince...
Pendant l'occupation de la seconde Guerre Mondiale, il franchit la frontière avec l'aide de son réseau de résistance (réseau
carte) par l'Espagne et rejoint Londres pour s'engager dans les FFL du général De Gaulle. Là-bas, il écrit avec son neveu Maurice Druon les paroles du « Chant des Partisans » en 1943.
Il écrit aussi au même moment L'Armée des Ombres, un très bel hommage à la résistance française. A laquelle il participe d'ailleurs en tant qu'aviateur en assurant la liaison chaque nuit
entre Londres et la France.
Reprenant son activité de reporter à la Libération, il voyage en Palestine, en Afrique, en Birmanie et en Afghanistan (qui lui
inspirera Les Cavaliers en 1967). Il publie de nombreux
autres ouvrages entre temps dont Le Lion,
Le Tour de Malheur, Témoin parmi les hommes...
2. Sartre
(1905, Paris – 1980, Paris)
Père marin mort avant qu'il ne le connaisse, Jean-Paul Sartre vit à Paris avec sa mère et étudie au lycée Henry IV, comme
notre narrateur Michel. Par la suite, il rentre à l'Ecole Normale Supérieure et fait la connaissance de Raymond Aron, Paul Nizan et Maurice Merleau-Ponty. En 1929, il est reçu premier à
l'agrégation de philosophie, occasion de rencontrer Simone de Beauvoir, deuxième, qui devient sa compagne. Professeur au Havre puis à Berlin, il publie en 1938 La Nausée et Le Mur
en 1939 avant de commencer L'Âge de Raison et L'Être et le Néant. En 1940, après avoir été mobilisé, il est fait prisonnier mais s'évade d'un camp en 1941. En 1943, il publie Des
Mouches et L'Être et le Néant
ainsi qu'en 1944 Huis Clos. C'est aussi l'année de sa rencontre avec Albert Camus. Par la suite, il crée la revue Les Temps Modernes et publie les deux premiers volumes des Chemins de la Liberté. De 1946 à 1948, il publie beaucoup et ses œuvres sont rejetés par le
Vatican alors qu'il participe au journal La Gauche. Il rompt
avec Camus au moment de la parution de L'Homme Révolté (1951)
de celui-çi, qu'il critique par l'intermédiaire de son journal Les Temps Modernes (rupture définitive en 1952). Il rompt aussi deux ans plus tard ses relations avec Merleau-Ponty avant de réaliser son premier voyage en URSS. Mais il rompt aussi avec le
Parti Communiste en 1957 suite à l'intervention soviétique en Hongrie en 1956. En 1964, il refuse le prix Nobel et parraine avec Pierre Mendès France Le Nouvel Observateur. En Mai 1968, Sartre prend parti pour les étudiants. En 1971, en plus
de ses nombreux écrits en cours et ses parutions, il fonde avec Maurice Clavel l'agence de presse Libération qui deviendra un vrai journal en 1973 et dont il sera le directeur au tout début. La même année, il tombe malade et abandonne tout avant
de mourir en 1980. Ses obsèques, le 20 Avril, réunissent plusieurs dizaine de milliers de personnes et marquent les consciences. C'est d'ailleurs la première scène du récit.
Les échecs dans les années 60
Parce que, tout simplement, Le Club des incorrigibles Optimistes est un club d'échecs où l'on parle des parties du siècle entre russe et américain...
Même si les échecs ont toujours eu les même règles, leur influence dans les années 60 était beaucoup plus importante qu'aujourd'hui et ses champions étaient connus du monde entier. En effet, la
conquête de l'espace n'était pas le seul domaine de compétition entre les deux puissances : les échecs y ont eu aussi une grande part.
Ses champions sont pour l'Ouest Bobby Fisher et pour l'Est Karpov, Kasparov, Spassky (qui perd contre Fisher), Botvinnick. Victor Kortchnoï, expatrié russe (tout comme Sacha, Igor ou Léonid), a
un titre particulier puisque les parties qu'il joue après son exil volontaire sont le point de départ de la médiatisation des parties d'échecs entre les deux blocs. Ainsi, en gagnant un match
contre un champion de l'autre camp, un joueur d'échecs met en valeur l'intelligence de son bloc . Le plus grand combat d'échecs USA/URSS est Fisher/Spassky, remporté par l'américain Fisher. Mais
les russes ont toujours été les plus forts, idée très bien retranscrite dans ce roman.
Avis
Un livre énormément apprécié dans la classe pour sa facilité d'identification au narrateur, sa lecture simple et son histoire passionnante et optimiste.
Constance : J'ai commencé par le plus
gros en me disant que ce serait le plus long à lire (logique : la durée dépendant de la longueur, les livres les plus épais sont aussi les plus longs à lire). Mais non. La lecture ne répond pas
aux règles mathématiques les plus simples, et c'est un vrai bonheur. Le Club des Incorrigibles Optimistes présente une telle facilité de lecture (la narration est simple puisque le narrateur est un jeune lycéen), d'identification (toujours grâce à notre jeune narrateur) et
d'aussi authentiques histoires que nous n'avons jamais envie de nous arrêter. Un avis personnel ? Je ne sais pas trop quoi dire. Peut-être un conseil : à lire
absolument et au plus vite. Vraiment, c'est un livre formidable, impossible à lâcher.
Adrien : J'ai trouvé géniale la façon dont le roman oscille entre les personnages, les lieux, les années et même les ambiances. Cela de façon très
naturelle. A aucun moment, on ne se sent tomber ou face à un mur. Tout est fluide et si rien d'extérieur ne venait interrompre sa lecture, il se lirait facilement d'une traite. Que les passages
mentionnent l'adolescence de Michel, les rapports "politico-familiaux" ou les anecdotes sur la Guerre Froide, on passe souvent du sourire à la grimace. C'est aussi extraordinaire de se faufiler
dans les coulisses de l'URSS et de comprendre la vie des gens lors des purges, cela par une conversation aussi bien qu'une lettre de testament.
Eurielle : Alors là c'est du lourd j'ai envie de dire! Ce livre est magique! J'ai été absorbée dedans ce n'est pas possible... Aah je n'arrive pas à
m'exprimer! Il est excellent! J'ai aimé ces personnages, leurs histoires, toutes leurs histoires! Je me suis attachée à ces personnages, surtout Michel évidemment dans lequel je pense que nous
pouvons tous un peu nous retrouver, non? J'ai beaucoup ri, crié, suis devenue folle... de ce livre. Il est riche! Il y a tant d'histoires! Maintenant, on ne peut qu'être optimiste, n'est ce pas?
Hahahaha!
Si vous avez aimez Le Club des Incorrigibles Optimistes, vous aimerez :
- Le Grand Quoi de Dave Eggers qui parle aussi de l'émigration, mais aujourd'hui et du Soudan aux Etats-Unis
- Migrateur de Marlinn Maurage : Un immigré clandestin russe, Vadim, s'installe à Rennes. Son premier souci, hormis ne pas se faire arrêter par la police, est de bénéficier du statut de
réfugié. Il définit ainsi sa stratégie : « Règle n°1 : me faire adopter par une fille. Règle n°2 : me faire adopter par une fille même moche. Règle n°3 me faire adopter dès ce soir. » Objectif
atteint. Il rencontre Meilen, une jolie bretonne du crû. Cela suffira-t-il ? Pourra-t-il par certaines combines obtenir les (faux) papiers nécessaires ? Marylinn Maurage entraîne ses personnages
dans une série de truculentes tribulations qui sont prétexte à se moquer des fest-noz, des dealers, des ventes de charité, des altermondialistes, des produits bio, etc… Le burlesque y côtoie
l’émotion car, parallèlement, se développe une étonnante histoire d’amour dans laquelle une autre s’interfère plus secrètement. On comprend que ce livre qui tient de la satire sociale est une
chronique de l’intégration. Elle en donne une vision réaliste.
Constance et Adrien