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6 avril 2014 7 06 /04 /avril /2014 19:22

MARIVAUX - L’ÎLE DES ESCLAVES

LECTURE ANALYTIQUE n° 2 :

EXTRAIT DE LA SCENE 3

De la moitié de la réplique 22 ( Trivelin : « Venons maintenant à l’examen de son caractère » à la réplique 45 : « En voilà donc assez pour à présent »)

  • Le portrait satirique d’une coquette

I / Le jeu de scène du portrait : jeu de miroir et mise en abyme ( sur un rythme endiablé)

C’est Trivelin qui réclame un portrait à Cl ( r 22) : relève d’une coutume répandue au théâtre et dans les salons de la société classique (cf les célèbres portraits de Célimène dans Le Misanthrope de Molière)

- Tirades de Cléanthis ( rr 31 ; 34 + 36 ; 41 ; 43)

entrecoupées par des soupirs (soulignés) d’Euphrosine qu’elle réprouve, en tant que victime ( = spectatrice « subjective » ; impuissante face à l’affront subit, ce qui le rend d’autant plus insupportable)

et des remarques (admiratives) de Trivelin : rr 35 : «elle développe assez bien cela » ou 37 : « cette peinture-là (…) me paraît fidèle » => Trivelin apprécie les talents de satiristes de Cléanthis, qu’il juge en tant que spectateur (objectif).

Cléanthis, elle-même, justifie ses talents d’observatrice privilégiée du jeu de sa maîtresse (ds sa vie intime et quotidienne) : r 23 : « Je suis dans mon fort » ; r 31 : « J’en ai tant vu, tant remarqué » ; fin r 36 : « Nous autres esclaves, nous sommes doués contre nos maîtres d’une pénétration !... »

- Discours à la fois diégétique (Cléanthis raconte sa maîtresse dans son quotidien) (1) et mimétique (Cléanthis imite – jusque dans la caricature – les comportements ridicules de sa maîtresse) (2)

1) « Vous souvenez-vous d’un soir où vous étiez avec ce cavalier si bien fait ? » (r 41) ou « Ecoutez, écoutez, voici le plus plaisant. Un jour qu’elle pouvait m’entendre … » (r 43)

2) => « Minaudière » : on se doute que Cléanthis va reproduire (en les exagérant) ses mines.

r 31 : « (Madame se tait, Madame parle) ; elle regarde, elle est triste, elle est gaie : silence, discours, regards, tristesse et joie, c’est tout un, il n’y a que la couleur de différente » => on imagine facilement la pantomime qui accompagne cette phrase : pour mieux appuyer (et illustrer) son discours, Cl l’accompagne de gestes et de grimaces significatifs.

+ rr 34 et 36

r 41 : « Vous vous donniez des tons, des gestes de tête, de petites contorsions, des vivacités. Je riais. » ( = opposition entre la longueur de ces 2 phrases => effet de contraste saisissant)

=> discours rapportés (r 34) ( voire même dialogues rapportés : r 36 ou 41) sont aussi l’occasion de jeux de scène.

Le tout est effectué sur un rythme assez enlevé : cf rythmes binaires ou ternaires des propos ; : Cléanthis s’amuse, se prend au jeu, se laisse emporter et surenchérit. = r 31 : « Madame se tait, Madame parle ; elle regarde, elle est triste, elle est gaie » ; ou « c’est vanité muette, contente ou fâchée » ; r 41 : « (Mais vous avez la main belle ;) il la vit, la prit, la baisa. »

Le jeu semble s’accélérer à mesure que Cl s’emporte : elle s’adresse presque simultanément à l’un et l’autre de ses interlocuteurs ( r 41 : « Vous souvenez-vous … ? » ; r 43 : « Ecoutez, écoutez, voici le plus plaisant. Un jour qu’elle … »)

=> du miroir (déformant) de la coquette au « miroir de paroles » de son implacable suivante.

II / La satire ( « vaine, (…) et coquette »)

C’est aussi Trivelin donne le thème sur lequel Cl va dvper ( r 27)

= narcissique (égocentrique) et superficielle, factice

  • culte des apparences : importance du regard (et du fait d’être regardée) ; attention accordée au visage ( r 34 = « son visage peut se manifester, peut soutenir le grand jour, il fera plaisir à voir, etc) ; 36 = « que va-t-on penser du visage de Madame ? (…) + « cela veut dire : Messieurs, figurez-vous que ce n’est point moi, au moins ; ne me regardez pas, remettez à me voir ; ne me jugez pas aujourd’hui »)
  • amour-propre poussé à l’extrême (=> nbrse psce des pronoms de la 1ère personne – opposition intéressante avec l’utilisation du pronom « on » ) : not lors des disc rapportés, rr 34, 36
  • Sait habilement attiré l’attention vers elle : r 41 : les yeux grands ouverts (tt en insinuant que ceux d’une rivale sont trop petits) , les mains (« vous avez la main belle ») = séductrice (hypocrite)
  • être versatile, tout en contradictions et oppositions, qui change de masques plusieurs fois par jour : cf jeux des antithèses et énumérations par lesquels Cléanthis débute son portrait : r 31 : « Madame se tait, Madame parle »

+ les deux exemples opposés fournis par la r 43 => Euph aime entendre dire (par sa servante) qu’elle est belle, pas qu’elle est raisonnable (« c’était bien fait, car je la flattais » = ironie ; sarcasme) => vaine : soucieuse uniquement de sa beauté (qualité passagère et souvent factice …), de son apparence ; pas de ce qui pourrait constituer des richesses intérieures (plus durables et profondes ; mais qui se remarquent moins, sf par les personnes de qualité (authentiques).

III/ La coquette (sévèrement) corrigée

  • Le paraître et le faux-semblant démasqué (avec un soupçon de cruauté vindicative …)

Démarche inductive : Euphrosine = exemplaire de coquette (type)

  • cf réactions d’Euphrosine : r 29 : « N’en voila-t-il pas assez » (alors que Cl n’a pas encore réellement commencé …) ; 32 : « Je n’y saurais tenir » ; 38 : « Je ne sais où j’en suis » ; 44 : »Je ne puis en souffrir davantage » => gradation : réactions de + en + vives ; parce qu’Euph est scandalisée par l’audace de sa servante ou (surtout) par la vérité du portrait.
  • Euphrosine = l’une des trois Grâces, déesse de la Beauté ; ironie mordante : celle qui devrait être « emplie de joie » souffre, ici.
  • et réflexions (moralistes) de Trivelin. = propos insupportables car criants de vérité.
  • insiste sur le caractère nécessaire de l’expérience : « cela n’est fait que pour vous ; il faut que vous soyez présente. » ( r 25) ; ; r 22 : « portrait, qui doit se faire devant la personne qu’on peint … »
  • annonce d’emblée sa fonction morale : r 22 (suite) : « qu’elle se connaisse, qu’elle rougisse de ses ridicules, si elle en a, et qu’elle se corrige. Nous avons là de bonnes intentions, comme vous voyez. » ( Marivaux lui-même semble vouloir prendre les devants, par prudence)
  • insiste sur la pertinence du portrait : rr 35, 37 « cette peinture-là (…) me paraît fidèle » ; 42 => didascalies indiquent qu’il s’adresse directement à Euph, comme s’il s’agissait d’être sa (mauvaise) conscience ou de la diriger (mais dans un but rédempteur) ; plus encore que d’encourager Cl (en la félicitant), qui n’en a nul besoin pour poursuivre.
  • Pour corriger Euph, il faut d’abord commencer par dénoncer ses vices, ses ridicules, ses travers.

Conclusion : Le fait que nous soyons au théâtre et que Cléanthis s’amuse à jouer sa maîtresse qui passe son temps à se montrer et à jouer la comédie du paraître permet de mieux démasquer ce que le personnage de coquette a de vain et superficiel (voire même extravagant)

  • coquette prisonnière de l’image qu’elle cherche à donner aux autres (jusqu’à perdre toute identité propre => ce n’est plus qu’un type (reproductible et imitable à l’infini), un personnage de théâtre, un masque (au caractère figé)
  • pas de sentiments sincères exprimés ; toujours recouvert par l’artifice et le simulacre.
  • prolongement dans la scène 4 : Euphrosine doit reconnaître la vérité du portrait ( = se confesser revient à promettre de corriger ses fautes ?...)

Dans Le cabinet du philosophe (essai), Marivaux affirme vouloir : « Percer au travers du masque dont (les êtres) se couvrent » pour découvrir un visage authentique.

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J
Ma vie a été détruite lorsque mon mari m'a envoyé faire mes valises, après 13 ans que nous sommes ensemble. J'étais perdue et impuissante après avoir essayé tant de façons de ramener mon mari à moi. Un jour au travail, j'étais distrait, ne sachant pas que mon patron m'appelait, alors il s'est assis et m'a demandé de quoi il s'agissait, je lui ai dit et il a souri et a dit que ce n'était pas un problème. Je n'ai jamais compris ce qu'il voulait dire par ce n'était pas un problème pour récupérer mon mari, il a dit qu'il avait utilisé un sort pour récupérer sa femme quand elle l'avait quitté pour un autre homme, et maintenant ils sont ensemble jusqu'à ce jour et au début, j'ai été choqué d'entendre quelque chose de Mon patron. Il m'a donné une adresse e-mail du DR ODION, qui l'a aidé à récupérer sa femme, je n'ai jamais cru que cela fonctionnerait, mais je n'avais pas le choix d'entrer en contact avec les dictons que je faisais, et il a demandé mes informations et cela mon mari a pu lui proposer de lui lancer le sort et je lui ai envoyé les détails, mais au bout de deux jours, ma mère m'a appelé pour dire que mon mari implorait qu'il voulait que je revienne, je n'ai jamais cru, car c'était juste un rêve et je a dû se précipiter chez ma mère et à ma plus grande surprise, était à genoux mon mari me supplie de me pardonner qu'il veuille que moi et l'enfant rentrions à la maison, quand j'ai donné au DR ODION une conversation concernant le changement soudain de mon mari et il a clairement indiqué à moi que mon mari m'aimera jusqu'à la fin du monde, qu'il ne partira jamais pour une autre femme. Maintenant, mon mari et moi sommes de retour ensemble et avons commencé à faire des choses amusantes qu'il n'avait pas faites auparavant, il me rend heureux et fait ce qu'il est censé faire en tant qu'homme sans harceler. S'il vous plaît si vous avez besoin d'aide de quelque nature que ce soit, veuillez contacter DR ODION pour obtenir de l'aide. Son email est (drodion60@yandex.com) ou appelez le +2349060503921 OU également sur WhatsApp
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