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30 novembre 2009 1 30 /11 /novembre /2009 23:58

La légende de nos pères

de Sorj Chalandon



Biographie de l'auteur


Sorj Chalandon n'est pas un romancier depuis des années, seulement deux ans à vrai dire. Avant, et à partir de 1973 (il avait alors 21 ans), il était journaliste. Un journaliste qui est passé par tous les postes au sein du journal Libération : dessinateur, monteur en pages, journaliste au service société, reporter (ce qui l'a amené à voyager sur tous les fronts : Liban, Iran, Irak, Somalie, Afghanistan... ), grand reporter, chef de service et rédacteur en chef adjoint. Il a gravi tous les échelons un à un avant de quitter son journal pour écrire Le petit Bonzi, son premier roman. Suivent Une promesse,Mon traître (inspiré par trente ans sur l'Irlande) et La légende de nos pères.

Sorj Chalandon semble aussi doué en écrivain qu'en journaliste : après avoir reçu en 1988 le prix Albert Londres pour ses couvertures de l'Irlande du Nord et du procès de Klaus Barbie, il reçoit avec Une promesse le prix Médicis 2006 et avec Mon traître le prix Joseph Kessel et le prix Lettres Frontières 2008.

Aujourd'hui, tout en restant romancier, il reprend son ancienne fonction de journaliste, au Canard Enchaîné cette fois.


Ses livres

Le petit Bonzi


Jacques Rougeron a douze ans. Un soir d'automne, au pied de son immeuble, il croit avoir enfin trouvé le moyen de guérir. Jacques Rougeron est bègue. Il voudrait parler aussi vite, aussi bien que Bonzi et tous les autres. Bonzi, c'est son ami, son frère, c'est lui, presque. Bonzi le soutient. Ils n'ont que quelques jours. C'est leur secret.


Une Promesse


Nous sommes en Mayenne, une maison à l'orée d'un village. Dans cette maison, voici Etienne et Fauvette, un vieux couple qui n'a jamais cessé de s'aimer. La maison est silencieuse. Les volets fermés et la porte close. Nuit et jour pourtant, ils sont sept qui en franchissent le seuil. Sept amis, les uns après les autres, du dimanche au lundi, chacun son tour et chacun sa tâche. Il y a le Bosco, ancien marin qui tient le bar du village, il y a Madeleine qui, chaque semaine, fleurit la maison, il y a Berthevin qui allume et éteint toutes ses lumières, il y a le professeur qui dit des poèmes à voix haute, il y a Ivan, l'ancien cheminot, qui ouvre les fenêtres, il y a Léo qui traverse le village à vélo, puis Paradis enfin, qui remonte la petite horloge. Au grenier, comme une sentinelle, une lampe ancienne veille au cérémonial.


Mon traître


'J' ai rarement écrit sur l'Irlande ailleurs que dans un journal. Je me l'étais promis. J'avais passé tant de temps à raconter la guerre au nord de ce pays, que ce conflit ne pouvait être pour moi qu'un champ d'actualité. Reportages, enquêtes, analyses, faire voir, faire entendre, faire comprendre. C'était tout. Et c'était un choix.'


Et bien sûr... La légende de nos pères



Résumé

Marcel Frémaux est à l'enterrement de son père avec « neuf personnes et trois drapeaux ». Et dans les neufs personnes, il y en a deux d'inconnus : un vieil homme et une femme aux chaussures rouges. Des années après, Marcel Frémaux est devenu biographe familial. Il écrit la vie des personnes qui viennent le voir, écoute leur histoire, en prend des notes puis l'embellit avec des belles phrases et des figures de style. Mais le jour où une femme aux chaussures rouges, Lupuline, qu'il reconnaît comme l'inconnue de l'enterrement de son père, vient le voir pour écrire la biographie de son père à elle, Beuzaboc, un ancien résistant, tout comme son père à lui, il ne cherche pas juste à écrire la vie d'un client de la meilleure manière qui soit : il cherche plus à retrouver dans l'histoire qu'il entend l'histoire de son père, son père qui n'a jamais voulu se confier à lui mais qu'il vénère et qu'il veut, même après sa mort, connaître, et rendre immortel. Pure vérité ou légende ?


L'écriture

Tout au long de son récit, Sorj Chalandon nous parle de l'écriture : il nous écrit la démarche d'écriture de son narrateur, Marcel Frémaux, lorsqu'il rencontre Beuzaboc et essaye de retranscrire son histoire. On nous parle d'écoute de l'autre, mais aussi de recherches journalistiques et enfin d'écriture. Pour lui, écrire signifie dépouiller, élaguer, denteller pour finalement embellir. Mais comment embellir un récit avec des mots sans le trahir ? Comment montrer la réalité, le vécu, les sentiments ? Un véritable portrait de l'écrivain face à son art, le portrait de Sorj Chalandon lui-même peut-être.


Le devoir de mémoire

Sorj Chalandon, avec l'histoire de Marcel, nous guide vers un respect du passé, celui des héros de l'ombre de la seconde guerre mondiale. Mais le caractère qui domine plus que tout le personnage de Marcel, ce n'est pas un simple respect des anciens mais bien l'admiration sans borne pour eux. Être le fils d'un de ces héros l'a poussé à glorifier toute la Résistance française, la lutte collective contre l'occupation nazie, à en faire une légende.

On peut ajouter que si Marcel écrit, c'est pour se souvenir, raconter et comprendre. Des qualités totalement humaines qui sont aussi des devoirs finalement. Des devoirs qui se réunissent en un seul : le devoir de mémoire.

Cependant, le devoir de mémoire décrit dans ce livre n'est pas seulement celui du souvenir direct et familial (les actions son père). Il nous donne aussi une sorte de mode d'emploi pour nous montrer des souvenirs qui ne sont pas de nous, ni de nos parents, mais que l'on doit connaître et essayer de comprendre, ici ceux des héros de la résistance.

Le devoir de mémoire s'illustre magnifiquement avec ce désir, cette obsession de vérité qu'a Marcel. Mais à chaque histoire manque un morceau et la vérité est parfois dure à trouver, encore plus à révéler...

Dans ce livre, on nous parle donc bien aussi d'illusion, de déformation de la réalité, de mensonge. L'autre sens du mot « légende ». Mais cette légende inventée par Beuzaboc, que l'on devrait détestée, finit par nous émouvoir : un mensonge justifié est-il condamnable ? Surtout un mensonge que l'on veut révélr à cause de sa culpabilité...

La légende de nos pères nous parle de deux légendes, celle de la vérité et celle du mensonge, qui finissent par se rejoindre pour nous parler du devoir de mémoire et du respect et de la modification du passé.


La quête de soi

Étonnamment, une histoire centrée sur le passé et ses héros finit par nous dévoiler la recherche de personnalité du fils d'un héros. Je parle de notre narrateur, Marcel Frémaux. Toute sa vie, il vit dans l'ombre de son père, à l'ombre de sa légende, sans jamais chercher à comprendre plus du présent ni de lui. A la mort de son père, il se retrouvera perdu, il ne saura plus qui il est : son père a disparu, l'ombre n'existe plus. Pourtant, il la cherche en Beuzaboc et refusera, même quand la défaite sera révélée, de s'avouer vaincu, de lâcher le bout d'ombre de son père qu'il avait trouvé en Beuzaboc, bout d'ombre inexistant dans la réalité.


Le style

A travers des descriptions puissantes, des phrases brèves et incisives, un travail de dépouillement et de dentellage visible partout et la pureté de chaque mot, Sorj Chalandon nous confie un texte d'une rare intensité et d'une belle émotion. Un style sans fard, sobre et dépouillé qui met à nu, intrigue et taille dans le vif des sentiments.



Autour de La légende de nos pères

Comme Marcel Frémaux, on sent chez Sorj Chalandon un désir de connaître le passé et d'étudier à la manière journalistique le sujet de son roman : les répercussions de la Résistance pendant la seconde guerre mondiale sur la génération d'après. Le thème principal, celui qui a dû susciter le plus de recherches à l'auteur et demande certaines connaissances au lecteur, est donc la Résistance pendant la seconde guerre mondiale en France.

La Résistance française de l'intérieur

Dès l'annonce de la défaite par le maréchal Pétain le 17 Juin 1940, un général inconnu, De Gaulle, réfugié à Londres, lance un appel à la Résistance. Des milliers de français (1,5% de la population^^) rejoignent les rangs du général. Mais tous ne sont pas près à s'engager dans ses FFL (Forces Françaises Libres) et à partir à Londres ou en Algérie : en France s'organisent de petits réseaux de résistance. Le père de Marcel Frémaux, le narrateur, faisait partie de l'un d'eux, ….............., Beuzaboc prétendait faire partie d'un autre, qu'il refuse bien sûr de nommer. Toutes seront réunies par Jean Moulin en 1942 et 1943 sous le commandement de De Gaulle.


Un résistant prenait dès son entrée un faux nom : entrer dans la Résistance signifiait entrer dans l'illégalité. Ils étaient informés des risques : arrestations, tortures, déportations, assassinats...

Mais la plupart du temps, leurs actions n'étaient pas très grandes : les opérations de sabotage étaient rares, on cachait plutôt le temps d'une nuit ou deux un aviateur, on allait distribuer des tracs illégaux, on protégeait un juif, on refusait de consommer des produits allemands, on refusait de répondre aux forces nazies... L'important n'était pas l'action mais l'implication dans cette Résistance, montrer son opposition au nazisme.

 

Les avis

Virginie
J'ai été relativement déçue par ce roman parce que je m'attendais déjà à tout autre chose. Même si je ne m'attendais pas à cela, j'ai apprécié l'histoire . En effet, je trouve qu'on y entre facilement mais au fur et à mesure l'envie de continuer s'arrête, notamment vers la fin du livre lorsque l'on apprend la "vérité". Après cela, je n'avais qu'une hâte c'était de terminer ce livre.

Florian
Un intérêt pour le livre même si je ne m'attendais pas à ça. Marcel Frémaux, le biographe, cherche des mots, n'importe lesquels (séduisant pour qui aime la littérature), mais il recherche surtout les mots, ceux de son père dont le silence n'a jamais rien dévoilé et qui l'ont suivi dans la tombe. La complexité, le doute, le trouble (la paranoïa même) d'un homme qui hésite sont les éléments qui m'ont touchés.

Constance :
Ce livre semble être un énième roman sur la résistance et son opposition au mouvement attentiste. Mais il ne fait que survoler : survoler l'histoire, survoler les personnages, survoler les évènements.

J'ai fini par comprendre que s'il survolait c'était pour nous montrer l'essentiel, ce qui est caché derrière tout ça. Je ne suis pas sûre de l'avoir bien saisie, mais je crois qu'il y a quelque chose avec le devoir de mémoire et l'admiration pour les héros du passé, nos pères.

Le début m'a plu énormément : "A l'enterrement de mon père, il y avait neuf personnes et trois drapeaux.". Cette première phrase nous intrigue et nous procure un sentiment pathétique pour le père, mais aussi pour le fils. Mais ce fils en recherche de vérité m'a trahi par la suite : ce n'est pas lui mais un autre personnage (qu'il croit l'écho de son père) la véritable figure émouvante. Lui, il est une personne qui se fait de l'argent en écrivant des biographies médiocres et en signant par le nom de quelqu'un d'autre. Lui, mise à part son rapport avec son père, dont finalement il ne parle pas beaucoup (il est seulement sous-entendu), n'est pas un personnage très attachant. Lui, il joue avec les mots. Lui, il accorde trop d'importance à la vérité mais ne respecte pas cet idéal. Lui, c'est un traître. Le personnage de Beuzaboc, quand à lui, nous est présenté comme un traître mais on réalise qu'en fait il est humain, très attachée à sa fille et rongé par la culpabilité.
Et puis, il y a très peu d'actions : le récit dicte la routine des rendez-vous du biographe avec Beurzaboc, puis les compte-rendus des rendez-vous et encore la réécriture de ce qui a été dit dans les rendez-vous. Malgré tout, ces scènes nous montre un point de vue intéressant sur le travail de l'écrivain et du journaliste.

Le style, incisif, est fait pour tailler les sentiments. C'est assez violent
Il y a des choses dans ce roman que je n'ai pas aimé : son style, sa composition (ennuyante), le narrateur et la fin révélée bien trop tôt. J'ai beaucoup aimé le début et les toutes dernières pages, le personnage de Beuzaboc et l'interrogation sur le travail de l'écrivain.

 

Un livre moyennement apprécié par les lecteurs de la classe qui l'ont jugé trop succin et ennuyant mais aussi émouvant et original. L'idée qui ressort chez chacun  est la surprise : "on ne s'attendait pas à ça". 

 

Si vous avez aimé La légende de nos pères, vous aimerez :

- Alias Caracalla de Daniel Cordier: maintenant que vous avez compris grâce à La légende de nos pères votre devoir de mémoire sur les héros de la Résistance française, lisez donc les mémoires d'un résistant, justement : celles de Daniel Cordier, secrétaire de Jean Moulin pendant l'unification des mouvements de résistance.


- Les autres livres de Sorj Chalandon

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